Studio des Ursulines

Ursulines entréeEn 1925, les comédiens Armand Tallier et Laurence Myrga choisissent la petite rue des Ursulines pour installer un nouveau type de cinéma, destiné à projeter des films d’avant-garde, à un public éveillé et cultivé : c’est ainsi qu’apparaît la première salle de cinéma « spécialisée », précurseur des salles « Art et Essai ».

Le Studio des Ursulines présente sa première séance le 21 janvier 1926.

Depuis mars 2003, il a pour vocation d’offrir au jeune public parisien un lieu de découverte du cinéma dans toute sa diversité, à travers une programmation exigeante et des rencontres régulièresavec celles et ceux qui font le cinéma. 

 

 

Comment es-tu devenu projectionniste?ursulines 1926

 

J'ai fait une formation ici, au Studio des Ursulines, il y a 3 ans et j'ai pris des cours par correspondance, par le biais du CNED. J'ai passé mon examen en candidat libre et je cherchais une salle de cinéma pour m'exercer à la pratique de la projection. Mais, dans l'ensemble j'ai trouvé porte close, c'est assez difficile à gérer pour les cinémas de prendre un stagiaire... Au studio des Ursulines, c'est mon collègue actuel qui m'a formé, assez rapidement et quand j'étais disponible. Je restais avec lui toute la journée, j'observais ses chargements de films, comme un apprenti, puis, par la suite j'ai commencé à charger moi-même.

Le but était de réussir l'examen où l'on y demande de la pratique. De plus, j'ai suivi mon collègue dans plusieurs salles de Paris et j'ai vu différents matériels et structures.

 

Mais, du coup, cette formation par correspondance est-elle suffisante pour faire ce métier?

 

En fait, c'est comme tout examen écrit, on demande quelque chose de très scolaire. Au final, il faut travailler assez et surtout bien s'ordonner, être rigoureux, rendre

les devoirs à temps, ... On ne sait jamais ce que l'on va te demander vu que l'on n'a pas de retour d'un formateur directement.

 On ne peut connaître les thèmes des questions à l'avance même si j'ai réussi à consulter les annales des anciens examens, leur questions-type. Du reste, la formation du CNED est vraiment complète.
Le plus stressant, c'était de trouver une salle de cinéma qui veuille bien de former, car le plus important c'est d'être à l'aise avec la technique et le matériel, c'est un métier très manuel qui ne s'apprend pas uniquement dans des livres... En plus, lors de l'oral à l'examen, le jury te " prend de haut " quand tu leur dis que tu as suivi la formation par correspondance, que tu fais un stage non conventionné au Studio des Ursulines, salle mono écran... ils  mettent un peu plus de pression face à un candidat comme  moi, pour tester sa motivation et ses qualifications réelles.

 

As-tu eu d'autres expériences avant celle-ci?

 

Auparavant, j'ai fait des études de cinéma à l'université où j'ai réaliser quelques courts-métrages en animation. Mais, après avoir obtenu ma licence, une question s'est posée: qu'est-ce qu'on peut faire avec une licence de cinéma? Mis à part professeur de cinéma ou bien critique, pas grand chose...
Du coup, j'ai travaillé à la télévision en tant que stagiaire, journaliste reporter d'images (JRI) et monteur. Tout cela ne m'a pas plu du tout, l'ambiance, le côté formaté, très hiérarchisé,... Je suis peut-être mal tombé mais j'en garde un mauvais souvenir en tout cas.
Le métier de projectionniste, je l'avais en tête depuis un petit moment. Après un parcours en fac où tu te gaves de théories, de livres et de philo en tout genre, j'avais besoin de revenir à quelque chose de réel, à la machine. C'est comme ça que j'ai tenté le CAP par le CNED, en faisant des boulots alimentaires en parallèle.

 

salles-ursulines.jpgFais-tu uniquement de la projection au Studio des Ursulines? Travailles-tu ailleurs?

 

Ici, mon contrat est à mi-temps, à 86 heures sans compter les festivals et autres événements où l'on peut aller jusqu'à 100 heures environ. Dans tout le cinéma, nous sommes seulement quatre donc forcément on est amené à sortir de la cabine de projection: faire l'affichage, réparer les fauteuils, faire de la régie, la caisse, le nettoyage,...
Sinon, je travaille à mi-temps pour Les Toiles Enchantées (http://www.lestoilesenchantees.com/) qui est un cinéma itinérant pour les enfant hospitalisés. Là, c'est n'est plus du tout le même métier ni la même ambiance. On se déplace constamment, on monte le projecteur et l'écran en fonction de chaque hôpital ou centre de soin. A l'inverse des " Ursu " et son côté fixe où rien ne bouge, on traverse la France, on voit du pays...
C'est le hasard qui a fait que je suis projectionniste pour les enfants, dans un cinéma dédié au jeune public et une structure pour enfants hospitalisés; c'est juste une coïncidence plus qu'un désir même si je préfère de loin ce public à celui de certains pseudo cinéphiles.

 

Quel regard portes-tu sur l'arrivée du numérique dans les salles?

 

Le Studio des Ursulines profite du numérique pour faire des travaux de rénovation, prévus pour l'été 2011.

La salle en elle-même ne va pas changer car on veut en garder le cachet; on conserve le projecteur argentique.

Je n'ai pas suivi de formation pour le numérique et, à priori, je n'en aurais pas. On apprendra sur le tas avec différents collègues projectionnistes sur Paris. A ce qu'on m'a dit, ça n'a pas l'air très compliqué, en une heure tu as acquis les bases. Ce qui me plais dans ces changements, c'est que je vais y assister mais je me donne six mois pour voir si le métier me plais toujours autant... j'ai l'impression que ça va vite me " gonfler ", si le métier consistera seulement à appuyer sur un bouton et faire de l'informatique, je passerai mon chemin, ce n'est pas pour ça que j'ai choisi d'être projectionniste.

 

Le dernier film en numérique que tu as vu?entree-salle-ursulines-copie-1.jpg

 

" The Social Network " de David Fincher, au MK2 Odéon à Paris.
Les 15 premières minutes m'ont parût bizarres, j'avais l'impression que le format d'image n'était pas bon, que l'image était écrasée. J'avais vu le dernier " Star Wars ", de Georges Lucas, dans une salle sur les Champs Elysées , ça ne fonctionnait pas du tout, ça faisait carton-pâte. " Le Rubanc Blanc ", de Michael Haneke, je l'ai vu en 35mm et en numérique et, pour le coup, la copie numérique  m'a agréablement surpris. Le travail fait à l'image passait mieux, paraissait plus important que celle de " The Social Network " qui fait très " vidéo ".
Le problème est là: si ce que tu vois à l'écran ressemble à ce que tu peux avoir sur ton écran plat HD, il n'y a aucun intérêt à se déplacer au cinéma. Je suis sceptique sur le fait que ça va ramener plus de personnes dans les salles.

Pour l'instant, il y la mode " relief 3D " mais quand ça sera passé?
On fera un premier bilan dans 2/3 ans quand il faudra remplacer les projecteurs

parce que les normes auront changé et qu'il n'y aura plus d'argent à réinvestir...

 

Une salle qui t'attires particulièrement?

 

Une salle que j'aimais beaucoup mais où je ne vais plus depuis que j'y ai vu " Avatar ", de James Cameron,

c'est le Max Linder, à Paris. C'était une catastrophe: ils ont " blindé " la salle à outrance, il y avait 3 centimètres

de pop-corn au sol.

La salle a de l'allure, de la classe: grand écran, son superbe, trois balcons; et, j'y ai vu de très bon films.
Mais, j'apprécie aussi les vieilles salles un peu pourries. Je suis aller voir " Biutiful ", de Alejandro Iñárritu,

à La Bastille dans une toute petite salle; c'était trop mal foutu, c'était magnifique!!

 

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