Cinéma Max Linder Panorama

Stéphane Gadroy

Projectionniste au Cinéma MAX LINDER PANORAMA

La salle a été acheté en 1914 par l'acteur burlesque Max Linder. L'ancienne salle est détruite pour faire place à une salle plus grande, avec écran panoramique. Le Max Linder Panorama est né, d'une salle en trois niveaux (orchestre, mezzanine et balcon pour un total de 616 places) où se mêlent passé (les volumes du hall et de la salle évoquent les années 30) et futur. Le Max Linder Panorama a été une des premières salles parisiennes agréées THX. Lors de la réouverture, au dos de chaque siège figurait un titre de film, gravé sur une petite plaque. Ces plaques ont depuis été volées. La première séance a lieu en décembre 1987 avec Le Dernier Empereur présenté en 70mm. La salle propose des festivals. Son Dolby DTS projecteur 70mm, 35mm et numérique Barco DP3000 2K écran 16*7m...

Pouvez-vous nous parler de la cabine du Max Linder ?

Le projecteur Philips DP70 et le dérouleur ST270 à plateaux ont été installés en 1987. À l'époque, certaines copies 70mm étaient déjà "fatiguées". À l'heure actuelle, présenter des copies abîmées, virées au magenta avec en prime des pistes sonores endommagées, cela ne vaut pas la peine. Il n'y a pratiquement plus aucun tirage de copies neuves. Une des plus récentes doit être "Faubourg 36" qui a été exploité au Paramount Opéra.

Je l'ai remis en route pour l'administrateur du site "projectionniste.net". (http://projectionniste.net/projecteur-philips-dp70.htm). C'était en 35mm vu que je n'ai aucun élément 70mm. Ce projecteur prend plus de place qu'autre chose. Pourquoi pas un deuxième projecteur numérique ?
 
Quand le Max Linder a rouvert fin 1987, il y avait deux projecteurs Philips DP70. Bien des années après, une des machines a rendu l'âme mécaniquement. Elles étaient conçues pour une projection alternée en double poste, pas pour être couplées à un dérouleur et débiter 10 à 15 kilomètres de pellicule quotidiennement. Le projecteur 35mm Kinoton FP30E a donc été installé en 2005.

Le numérique qu’a-t-il changé dans votre manière de travailler ?  

Ma formation cinéma numérique date du FIF de Cannes 2006 et d’un stage via Formats6 en 2007.

   
Le projecteur Barco DP3000 à été installé en décembre 2009 pour “Avatar” de James C ame ron. De nouvelles tâches émergent. Par exemple, nous utilisons deux lampes de puissances différentes : une pour la 2D et une pour la 3D. Les "boîtes à lumière" sont permutées en fonction du type contenu. La réception des fichiers numériques  n'a plus rien à voir avec l'exploitation traditionnelle 35mm. Les éléments nous parviennent soit sur support physiqu e, disque dur, DvD data, clé USB. Ils peuvent également être acheminés via ADSL. C'est le cas du film "Somewhere" (1 50 Go)  de Sophia Coppola qui a mis entre 48 et 72 heures à nous parvenir. Nous disposons de deux librairies de stockage : SmartJog (environ 0,75 To) et Ymagis (environ 6 To). Nous sommes avertis par courriel qu'un nouveau contenu a été acheminé. 

Que pensez-vous de la 3D ?

L’exploitation de films en 3D est intéressante à condition que la captation soit faite en 3D. Les remastering annoncés de “Titanic” et des trilogies “Stars Wars” m’effraient un peu. Personnellement, j’ai été ravi que “Harry Potter VII.1” soit finalement présenté en 2D.

Je garde sous le coude le DCP de “Le Voyage Extraordinaire De Samy”. Rien que le film-annonce est une référence pour une démonstration. L’utilisation de lunettes actives, dans notre cas XpanD, est une solution efficace qui permet de conserver une toile d’écran traditionnelle. Seul bémol, la fragilité des lunettes. Un choc ou une torsion peuvent être fatales.

 
Sur les premières livraisons, certaines paires avaient des problèmes de cryptage et fonctionnaient à l’envers. Les piles sont à remplacer régulièrement. Dans l’absolu, il convient  d’en vérifier le fonctionnement dès réception. Cela implique de faire un essai de chaque paire avec une mire de test en projection.
Quelque soit le procédé 3D utilisé, il faudrait que le spectateur ne pose jamais les lunettes. Les réglages de luminance et de colorimétrie sont faits à travers les verres.

 

Quel est votre parcours ?  

J'ai commencé en province 1977 en projection double  poste, avec les lanternes à
charbons d’arc. J'ai passé mon CAP en 1980 avant de partir à l'armée. Je faisais des remplacements, je voyais des films, j'avais du temps. Après mon service militaire, j’ai continué en province pendant cin q ans avant de monter à Paris en 1988. Premiers pas au George V, puis au Max Linder et à l’UGC Danton/Odéon . Au début des années 90, j’ai eu envie de bouger et j'ai commencé à me balader... Des experiences sur des spectacles multi-media m’ont permis de découvrir d’autres technologies. J’ai réintégré UGC en 2001, d’où j'ai démissionné en 2008 pour de nouvelles aventures au Max Linder.

Pour voir le Max Linder en 1999 voici un lien vidéo:

http://www.youtube.com/watch?v=wcGZTwP2tqk